Cartographie des habitats benthiques meubles intertidaux et analyse de leur contamination chimique dans le parc marin

Afin d’améliorer les connaissances des milieux sableux et vaseux recouverts par les marées, le Parc a lancé à l’automne 2020, et pour une durée de trois ans, le projet HABISSE. Ces espaces hébergent de nombreux invertébrés vivants enfouis dans le sédiment et qui jouent un rôle fondamental dans les chaînes alimentaires.

L’atteinte du bon état écologique des habitats sédimentaires intertidaux, sableux et vaseux, est au cœur des enjeux du territoire du Parc. Le plan de gestion, feuille de route des actions qu’il doit mener sur 15 ans, liste les objectifs suivants concernant ces milieux :

  • Une bonne connaissance des habitats marins et de transition (cartographies, surfaces) et de leurs intérêts ;
  • Le bon état de conservation des habitats estuariens et autres substrats meubles (habitats 1130, 1140 et 1110 au sens de Natura 2000) ;
  • Le maintien de la diversité d’habitats fonctionnels à l’échelle de chaque estuaire, et l’expression optimale des fonctionnalités écologiques ;  
  • Le bon état de conservation des populations d’espèces ordinaires clés, en particulier les producteurs primaires et secondaires (macrofaune benthique) ;
  • Le bon état chimique et écologique des masses d’eau côtières et de transition dans lesquels sont localisés ces habitats.


Dans ce cadre, afin d’améliorer les connaissances sur ces habitats et de favoriser une gestion durable des espaces intertidaux, le Parc a lancé le projet HABISSE (‘’Habitats Benthiques Intertidaux Sensibles’’) dont la réalisation est confiée au bureau d’étude CREOCEAN, en partenariat avec le GEMEL et le Laboratoire d’Océanologie et de Géosciences (LOG).  

Ce projet vise en premier lieu à produire une cartographie détaillée de ces habitats sur l’ensemble du territoire du Parc naturel marin, dans les trois typologies (classifications) d’habitats actuellement en vigueur (Natura 2000, EUNIS et Nationale ATL-MMN V3). Il s’agira également de déterminer les surfaces occupées par ces différents habitats.
Pour ce faire, les protocoles d’échantillonnage standardisés dans le cadre de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE) sont employés au niveau de 250 stations réparties le long des plages et estuaires du Parc. Elles ont été échantillonnées par les équipes de CREOCEAN, du GEMEL et du Laboratoire de d’Océanologie et de Géosciences, après un repérage in situ des stations par les agents du Parc.
Les prélèvements de sédiment, à pied à l’aide d’un carottier et à la benne depuis un navire, fournissent pour chaque station des informations sur la nature granulométrique, la composition des communautés macrobenthiques (liste d’espèces, biomasses) et le taux de matière organique.

Utilisation d'un carottier dans le cadre du projet HABISSE

Utilisation d'un carottier dans le cadre du projet HABISSE

Fabien Roux / Office français de la biodiversité

Utilisation d'un carottier dans le cadre du projet HABISSE

Fabien Roux / Office français de la biodiversité

Carte HABISSE

Carte HABISSE

Office français de la biodiversité

Carte HABISSE

Office français de la biodiversité

En parallèle de l’étude des communautés benthiques, un état des lieux de la contamination chimique (métaux lourds, hydrocarbures, pesticides, etc.) est réalisé dans ces habitats. Rappelons-le, ils constituent un lien terre-mer et sont fortement soumis aux pressions anthropiques, notamment les flux de contamination des bassins versants pour lesquels les données restent encore peu nombreuses et lacunaires sur le territoire du Parc. Ainsi, une analyse de la pression de contamination et de ses impacts potentiels sur les communautés benthiques est également réalisée. Ce diagnostic permettra de mettre en œuvre l’indicateur « qualité chimique des eaux du Parc » (basé sur les données de concentration en contaminants dans le sédiment) et de compléter les suivis existants faits dans le cadre des directives européennes DCE et DCSMM.
Pour ce faire, sont employés les protocoles d’échantillonnage standardisés dans le cadre de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE) et de la Directive Cadre Stratégie sur le Milieu Marin (DCSMM) utilisés dans le cadre du réseau de suivi ROCCHSED au niveau de 30 stations réparties le long des plages et estuaires du Parc.

Échantillonnage du sédiment pour le dosage des contaminants chimiques (protocole ROCCHSED)

Échantillonnage du sédiment pour le dosage des contaminants chimiques (protocole ROCCHSED)

Fabien Roux / Office français de la biodiversité

Échantillonnage du sédiment pour le dosage des contaminants chimiques (protocole ROCCHSED)

Fabien Roux / Office français de la biodiversité

L’ensemble des données est bancarisé dans la base Quadrige² et servira à des travaux ultérieurs portant sur l’emploi d’indicateurs de la qualité du milieu et l’évaluation de l’état de conservation de ces habitats, au regard des pressions anthropiques physiques et chimiques. Il s’agira également de définir une stratégie pérenne de suivi de ces habitats. Enfin, ces données alimenteront la révision de l’Annexe Natura 2000 au plan de gestion du Parc naturel marin, et la réalisation des Analyses Risque Pêche - pêche à pied.


Ce projet bénéficie d’un soutien technique et financier de la part du Life MARHA.

Chiffres clés du projet HABISSE

Résultats du projet - Volet Habitats benthiques

Le projet a ainsi permis d'identifier de nombreux habitats différents (typologie Natura 2000, typologie EUNIS 2012, typologie nationale NatHab-Atl) :

Un rapport présentant la méthodologie et les principaux résultats a été réalisé :

Un atlas cartographique a également été produit (cartes stationnelles, cartes surfaciques). Ces cartes sont disponibles auprès du Parc naturel marin.

Résultats du projet - Volet contamination chimique

Le volet sur l’étude de la contamination des habitats sédimentaires a permis de constituer un premier état des lieux des niveaux de contamination et des risques d’impacts chimiques potentiels de 40 substances chimiques (métaux, hydrocarbures, polychlorobiphéniles, pesticides, polluants industriels etc.) sur le littoral et dans les estuaires du le Parc naturel marin.

Lorsqu’on examine les données de concentrations brutes, de manière logique, les zones où s’accumulent préférentiellement contaminants chimiques aussi bien les métaux que les contaminants de type organique comme les HAP, PCB, TBT, pesticides, phénols, phtalates sont les zones d’estuaires en particulier en amont, là où se concentrent les particules fines pour lesquelles les contaminants chimiques ont une forte affinité naturelle. Dans ces conditions, l’examen des concentrations brutes est peu pertinent et il s’avère nécessaire d’utiliser un outil permettant de compenser les variations de granulométrie et de comparer les résultats à sédiment « équivalent ».


Lorsqu’on examine les données normalisées qui permettent de comparer les sites à sédiment équivalent en termes de caractéristiques granulométriques, on constate une contamination globale en métaux et en contaminants organiques présente sur l’ensemble du littoral sans qu’aucun schéma général particulier ne se dégage en termes d’influence prépondérante du panache de la Seine, ou encore des bassins versants du Parc. Les niveaux de contamination et les risques chimiques potentiels sont plus ou moins marqués en fonction des secteurs.

Le rapport final pour le volet contamination détaille l’ensemble des résultats et est téléchargeable via le lien suivant :