Connaître les déplacements et les zones de chasse des phoques

Pour connaître les déplacements des phoques et leurs zones d’alimentation (zones de chasse), plusieurs suivis ont été mis en place depuis 2008 par le Centre d’Etudes biologiques de Chizé (CEBC), et les partenaires locaux. Il s’agit d’équiper de balises GPS / GSM une dizaine de phoques (phoques veaux-marins et phoques gris) pour acquérir des données durant quelques semaines, avant la mue des individus.

En 2008, des phoques veaux-marins ont été équipés en baie de Somme pour la première fois, et en 2012 pour des phoques gris. Plus d’informations dans le projet « Eco-Phoques » sur les résultats de ces suivis télémétriques.


En 2019-2020, deux opérations menées par le CEBC, avec l’appui des associations locales, l’OFB et les agents du Parc naturel marin, ont permis de poser 15 balises GPS/GSM sur des phoques veaux-marins, dont 2 balises sur le même individu, et 12 balises sur des phoques gris dans la baie de Somme.

Les principaux résultats de l'étude sont les suivants :

Phoque veau-marin (Phoca vitulina) équipé d'une balise télémétrique : la pose de ces balises permet d’étudier pendant plusieurs mois les déplacements et comportements en plongée de ces carnivores.

Phoque veau-marin (Phoca vitulina) équipé d'une balise télémétrique : la pose de ces balises permet d’étudier pendant plusieurs mois les déplacements et comportements en plongée de ces carnivores.

Benjamin Guichard / Office français de la biodiversité

Phoque veau-marin (Phoca vitulina) équipé d'une balise télémétrique : la pose de ces balises permet d’étudier pendant plusieurs mois les déplacements et comportements en plongée de ces carnivores.

Benjamin Guichard / Office français de la biodiversité

Déplacements

  • Pour l’ensemble des individus suivis de phoques veaux-marins, les déplacements en mer étaient côtiers voire très côtiers. Tous les phoques veaux-marins équipés de balises ont passé la majorité de leur temps en baie de Somme.
  •  Phoques gris, les suivis télémétriques montrent une grande variabilité inter-individuelle pour les déplacements, c'est-à-dire qu'il y a des différences importantes entre les individus balisés : certains ont fait de grands déplacements en mer du Nord, d'autres sont restés en Manche orientale.
Carte des déplacements des 14 phoques veaux-marins suivis par balises GPS / GSM à partir de la baie de Somme en 2019/2020.

Carte des déplacements des 14 phoques veaux-marins suivis par balises GPS / GSM à partir de la baie de Somme en 2019/2020.

Cecile Vincent, Yann Planque, Mathilde Huon, Florence Caurant / CEBC

Carte des déplacements des 14 phoques veaux-marins suivis par balises GPS / GSM à partir de la baie de Somme en 2019/2020.

Cecile Vincent, Yann Planque, Mathilde Huon, Florence Caurant / CEBC

Temps passé dans le Parc naturel marin

  • Le pourcentage de temps passé (sur les reposoirs comme en mer) par les phoques au sein du Parc naturel marin, pendant leur suivi télémétrique, était en moyenne de 88 ± 16% du temps pour les phoques veaux-marins, contre 41 ± 38% du temps pour les phoques gris en 2019.
  • Les deux espèces ont une fidélité au site, mais avec une mobilité différente (grandes distances parcourues par les phoques gris).

Modélisation des habitats préférentiels

  • Les habitats préférentiels identifiés à partir des données télémétriques obtenues en 2019 sur les phoques veaux-marins sont situés dans une large bande relativement côtière allant de la baie d’Authie au nord de Dieppe. Ces prédictions sont relativement similaires à celles obtenues à partir des données télémétriques de 2008 sur la même espèce, même si elles étaient alors plus concentrées en embouchure de baie de Somme jusqu’au Tréport.
  • Les habitats préférentiels de chasse des phoques gris modélisés à partir des données télémétriques 2019 sont largement inclus dans le Parc naturel marin (débordant un peu au sud de ses délimitations), et dans une moindre mesure autour de Goodwin Sands, dans le détroit du Pas-de-Calais.
Scène de prédation par un phoque gris.

Scène de prédation par un phoque gris.

Antoine Besnier / Office français de la biodiversité

Scène de prédation par un phoque gris.

Antoine Besnier / Office français de la biodiversité

Localisation des zones de chasse

  • Globalement, 84.5% des plongées de chasse des phoques veaux-marins suivis par balise en 2019 sont localisées dans le périmètre du Parc naturel marin, contre 35.3% des plongées de chasse des phoques gris suivis la même année. Bien que les méthodes d’estimation des zones de chasse soient différentes entre les années, ces chiffres sont remarquablement similaires à ceux obtenus pour les jeux de données de 2008 (suivis télémétriques des phoques veaux-marins) et 2012 (suivis télémétriques de phoques gris).
  • Les zones de chasse probables des phoques gris sont globalement plus étendues que celles des phoques veaux-marins.
  • Il existe un chevauchement plus important entre les zones de chasse de phoques veaux-marins qu’entre celles de phoques gris.

Rythmes de chasse

  • Globalement, ni le rythme des marées ni les heures du jour ou de la nuit ne semblent influencer les rythmes de chasse des individus balisés des deux espèces.
  • En 2019, 43 % des « voyages en mer » (tout déplacement dans l’eau entre deux repos à terre successifs) des phoques veaux-marins suivis par balises duraient moins d’une heure, contre 27 % chez les phoques gris.

Pour aller plus loin